Sur une langue de sable, coincée entre la baie d'Hakodate et le détroit de Tsugaru, existe une prison maritime où l'on réhabilite des délinquants par des cours d'entraînement à la navigation. Cette année-là, le narrateur, un des gardiens, reconnaît avec stupéfaction, parmi dix détenus nouvellement arrivés, un ancien camarade d'école nommé Osamu Hanai.
Il apprend que le jeune homme a commis un meurtre épouvantable, parfaitement gratuit et se souvient du petit garçon qui le terrorisait autrefois et avait fait de lui son souffre-douleur. Dix-huit années se sont écoulées et la question qui ne va pas cesser de tourmenter, d'obséder Saitô, c'est de savoir si Hanai l'a reconnu ou non. Peu à peu, le prisonnier va reprendre sur ses compagnons de captivité l'ascendant qu'il avait autrefois sur ses condisciples. Pervers, manipulateur, soumis en apparence mais sans cesse révolté, il va imposer sa loi à tout son entourage. Au fur et à mesure que les mois, puis les années passent, la vie de Saitô ne se résumera plus qu'à une seule idée : est-ce lui le gardien qui a autorité sur le prisonnier ou le contraire ? Il va en négliger, presque oublier, sa femme, son enfant, sa jeune maîtresse et ne plus se préoccuper que du détenu. On ne révélera pas le coup de théâtre final ni le dénouement de ce bref et implacable roman. Avec La lumière du détroit, Hitonari Tsuji nous donne un livre très différent du Bouddha blanc (Prix Femina étranger 1999), et nous fait découvrir de nouvelles facettes de son grand talent. Il sera à Paris au mois de mai pour la sortie dans toute la France d'un film qu'il vient de réaliser et qui connaît un très grand succès au Japon. |