Un veuf respectable qui entretient une jeune femme mannequin, de vingt ans sa cadette ; le père de celle-ci, professeur fantasque mais avisé, soucieux de marier sa fille, oblige le veuf, qui se croyait habile, à épouser sa jeune maîtresse. Adieu tranquilité, double vie organisée, car l'épouse a une grand-mère, vieille dame indique - elle a fait de la prison pour meurtre - qui fond sur le couple et met le foyer sans dessus dessous.
Ce pourrait être une comédie de moeurs signée Feydeau ou un film de Frank Capra. Mais tout celà se passe dans le Japon actuel, qui hésite entre la modernité efficace et l'héritage du passé, et notre veuf, ce M; Mabuchi Eisuke, est l'un de ces Japonais, cadre supérieur au visage lisse, dont on se demande ce que cache l'impassibilité : une hésitation, une tension entre la conformisme et la rébellion, entre le goût de la tradition et le désir de la rupture.
Mabuchi Eisuke, pris au piège des coutumes, se marie avec sa jeune maîtresse, mais quelle est la différence entre une épouse et une femme entretenue ? Cet honnête citoyen se voue à sa tâche professionnelle, mais qu'est-il d'autre qu'un esclave ?
Jamais, comme dans ce roman corrosif, la société japonaise n'a été ainsi démasquée, dénoncée même, mais avec un humour destructeur, qui ne laisse aucun paravent debout.
Saiichi Maruya nous dévoile les moeurs et les contradictions du Japon d'aujourd'hui avec la verve et l'alacrité d'un grand écrivain qui, traducteur des plus grands auteurs anglais - Joyce, Greene - a peut-être puisé chez eux l'art de l'ironie. (quatrième de couverture) |