Aucune anthologie de la littérature japonaise ne peut négliger ce livre à la fois si primitif, si raffiné, si malaisé à classer selon notre notion de genre. Contes, si l'on veut, et c'est bien l'un des sens du mot japonais monogatari (Ise monogatari) ; mais si brefs et si peu marqués d'intrigue que les poèmes (les tanka) qui les ornent en deviennent comme l'essence et l'essentiel. Impossible de comprendre la littérature japonaise, et la plus moderne (disons, celle des short-short japanglaisants), si l'on ne connaît pas ces contes poétiques d'auteur inconnu et qui datent du Xe siècle. Peu nous importe que l'on attribue à Narihira une part de ces histoires. Ce qui nous importe en revanche, c'est la qualité d'une traduction due au général Renondeau, mais revue après la mort de celui-ci par M. Bernard Frank à qui nous devons, également admirables, les Chansons de Narayama et les Histoires qui sont maintenant du passé. Grâce à eux, vous goûterez une préciosité en effet à certains égards primitive, un sentiment de l'amour singulièrement libre et pudique. |