Œuvre stupéfiante, inclassable, Dogra Magra est à la fois une performance d'écriture inégalée et un extraordinaire roman policier au programme paradoxal : un roman où les détectives sont les criminels. Ou plutôt, où l'assassin est la victime. Un amnésique se réveille en pleine nuit dans la chambre d'un hôpital psychiatrique. Nous le verrons se débattre au milieu d'une toile d'araignée tissée par les docteurs de l'institution, à la recherche de son identité et de son éventuel rapport avec une mystérieuse affaire criminelle. Le lecteur, entraîné dans une spirale de plus en plus serrée de coups de théâtre et de renversements de perspective, se trouve pris dans une intrigue labyrinthique où toutes les interprétations et leurs contraires sont autant de pièges tendus pour l'égarer. Chef-d'œuvre d'écriture parodique où se côtoient la doctrine bouddhiste du karma et les concepts psychanalytiques d'inconscient, ce roman dérangeant à l'extrême, publié quasi confidentiellement en 1935, fut redécouvert dans les années soixante. Depuis, il est devenu un livre culte au Japon, et les critiques et les études à son sujet se succèdent sans discontinuer. Lorsqu'on en referme la dernière page, on comprend pourquoi il est aujourd'hui considéré dans son pays comme l'un des romans majeurs du XXe siècle.
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